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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/174

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DUVIQUET

d’hommes disparurent dans la forêt à l’approche des Bleus. Ce campement comportait huit baraques de planches, contenant chacune vingt-cinq couchettes : on y trouva des pistolets, des moules à balles, un sac de farine, quelques quintaux de bœuf salé et de lard, de la chandelle, des bouteilles d’eau-de-vie, des cartouches, des sabots et « deux paires de bas de soie », ce qui permit au capitaine La Martinière, commandant le détachement républicain, « de présumer que le chef des rebelles était au moins l’équivalent d’un chevalier »… Les Bleus incendièrent les baraquements et le perspicace La Martinière dirigea son exploration vers d’autres points de « la contrée chouannière[1] ».

Ce qui surprend c’est la sécurité presque absolue de ces repaires d’insurgés. Depuis que le gouvernement du Directoire a remplacé la Convention, les autorités semblent se résigner à ce qu’elles nomment, en style administratif, « l’état affligeant de la situation[2] ». Très affligeant, en effet, car opposée à

  1. Archives nationales, F10 111, Côtes-du-Nord, 10. Compte rendu par le suppléant du commissaire du département des Côtes-du-Nord au Directoire exécutif. Port-Brieuc, 21 brumaire, IV.
  2. De temps en temps on sévit… mais contre des prêtres inoffensifs. Au début de 1796, les colonnes mobiles des Côtes-du-Nord assassinent trois ecclésiastiques et dévastent l’abbaye de Saint-Aubin, dont tous les habitants, ci-devant religieux bénédictins, sont massacrés. Les trois prêtres étaient le P. Tournois, ci-devant capucin, massacré avec ses deux guides près de Dinan ; — le chanoine Rubec, fusillé sans jugement à Mégrit où il vivait retiré ; — et l’abbé Gauron, recteur de Lanrelas, égorgé à la sortie de ce bourg. Un seul des moines qui vivaient réfugiés à Saint-Aubin, dans la forêt de la Hunaudais, échappa au massacre de ses compagnons par les gardes nationaux de Lamballe. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy, Études, 108-109. V. aussi B. Jollivet, Les Côtes-du-Nord, II, 196. Hoche s’indignait de ces tueries. — « Tous les jours, écrivait-il, on guillotine des prêtres à Vannes. Tous les jours aussi les vieilles femmes et les jeunes gens viennent tremper leur mouchoir