Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
160
LA MIRLITANTOUILLE

tous sont menacés, ce qui refroidit leur zèle. Quant aux dénonciateurs, les chouans sont pour eux sans pitié : le verdict est prononcé sans appel : nulle cache, nulle fuite, nulle démarche ne peut soustraire à la justice expéditive le condamné qui, d’ailleurs, n’est avisé de son arrêt qu’en recevant le coup de la mort. À Plémet, près de La Chèze, en novembre 1795, le juge de paix, son greffier et un autre « patriote » sont massacrés par des exécuteurs mystérieux[1]. Parfois les vengeurs signent : à quelques mois de là, sur le cadavre de Le Jollic, président du canton de Penvenan, on trouve un écriteau portant :

J’ai perdu la vie pour avoir été le fléau des honnêtes gens… Les dénonciateurs et ceux qui feront faire des fouilles subiront le même sort que moi.

Matière à réflexions[2].

Tout le pays est complice ; aucun de ceux que les rapports officiels désignent comme les auteurs de ces forfaits ne prend la peine de se cacher. Le Gris-Duval ne manque pas de se montrer, chaque lundi, au marché de Moncontour ; il vient même à Saint-Brieuc, où il a un logement, rue des Bouchers ; son beau-frère, Kerigant, commande la garde nationale de sa commune ; les détenteurs de biens nationaux, les curés intrus, les « terroristes »

    s’emploieront pour faire rentrer les contributions. » Proclamation de Rochefort-en-Terre, même document que ci-dessus.

  1. Le commissaire national près le tribunal du district de Lamballe aux représentants du peuple composant le Comité de Salut Public (sic).
  2. Archives nationales, BB18 251, dossier 7183.