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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/18

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LA MIRLITANTOUILLE

quis de Ménilles[1], très riche gentilhomme normand, possesseur d’un grand domaine et d’un magnifique et ancien château situé à trois lieues d’Évreux.

Ainsi nanti, et pour se rapprocher de la Cour, Puisaye achète une charge d’exempt dans la garde suisse du Roi, ce qui lui vaut le grade de colonel et la résidence de Versailles. Élu en 1789, député du Perche, il prend siège aux États Généraux parmi Nosseigneurs de l’ordre de la Noblesse ; mais il y figure sans éclat, ses opinions étant vacillantes et le classant parmi les modérés ; si bien que, la session close, il fait retraite à son château de Ménilles. La royauté abolie, Louis XVI mort, il ne reste à Puisaye que la situation modeste de capitaine de la garde nationale de son district ; mais il est né pour commander et, six mois plus tard, le voilà général d’armée. Les députés girondins, proscrits au 31 mai, se sont réfugiés à Caen ; ils vont soulever la province et marcher sur Paris, à la tête de tous les bataillons fédérés de la Normandie et de la Bretagne, révoltées contre la Terreur. C’est à Puisaye qu’est confié l’honneur de diriger l’avant-garde et d’entrer le premier dans la capitale. Il se met en mouvement le 14 juillet 1793, rencontre aux abords de Vernon les troupes révolutionnaires commandées par le suisse de l’église Saint-Eustache ; il prend ses dispositions de combat ; mais, au premier coup de canon, les deux armées lâchent pied ; celle de la Convention recule en désordre jusqu’à

  1. À ces avantages, mademoiselle de Ménilles ajoutait celui d’être « très jolie », à ce qu’assure Louvet qui, d’ailleurs, ne l’a peut-être jamais vue. (Louvet : Quelques notices pour l’Histoire et le Récit de mes malheurs.)