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DUVIQUET

des gens se rendent au marché de Plœuc. Duviquet demande à une femme « où reste le citoyen Duval ? » La paysanne, complaisante, conduit les quatre hommes : — « C’est là. » Duval était le pharmacien de l’endroit, réputé « patriote » ; n’avait-il que ce crime-là sur la conscience ou pour quelque autre motif déplaisait-il à Bosseny ? On ne sait. — Duviquet frappe à la porte : les deux jeunes filles du pharmacien crient qu’elles se lèvent ; elles viennent ouvrir. Duviquet entre avec Plus-joli ; ils apportent, disent-ils, des ordonnances ; Duval est encore couché ; ils montent à sa chambre ; on bavarde un instant tandis qu’il passe sa culotte. Et, tout à coup, ils l’empoignent, le font descendre d’une poussée, le jettent dehors et, dans la rue, en face de sa porte, l’abattent de deux balles. Ils s’en vont tranquillement, laissant le cadavre sur la route. Tout le village est témoin de l’exécution : elle ne soulève pas grand émoi : « Ce sont les chouans ; il n’y a rien à faire. » Ça fournira trois lignes dans le rapport décadaire des administrateurs du département[1].

Le plus souvent l’expédition a pour objet une simple « contribution » à lever sur quelque bourgeois entaché de républicanisme. « Vols à Plessala, à Laurenan, à Langart… » ce sont des mentions qui reviennent à toutes les pages des confessions de Mairesse. Rarement l’opération est lucrative : si l’on rafle 400 livres chez le citoyen Sauvage, de Plessala, c’est une aubaine ; ordinairement le profit est minime : — quelques francs, quelques sous, qu’on se

  1. « Le 18 floréal, à six heures du matin, assassinat de Guillaume Duval, de la commune de Gausson, patriote. » Archives nationales, BB18 252.