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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/193

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LA MIRLITANTOUILLE

partage non sans dispute ; le résultat n’est pas en rapport avec les risques : chez un meunier du Pontgamp Mairesse et ses camarades ne parviennent pas à enfoncer la porte et ils essuient des coups de fusil ; à Laurenan, chez un nommé Bon, ils récoltent 24 livres pour trois ; la femme Bon, furieuse d’être « contribuée », court chercher les gendarmes, puis, par peur des représailles, se décide à ne pas porter plainte et les voleurs s’en vont « bien tranquilles ».

La petite bande de Bosseny continue à trôler sur tous les chemins du pays, traînant sa misère, avec des intermèdes de bombance que Mairesse relate complaisamment : une nuit passée à Hénon, chez un boiteux dont la femme accouche et où on se régale d’une raie et d’une belle tanche ; des beuveries de cidre et d’eau-de-vie, accompagnées d’interminables parties de cartes ; des séjours dans la maison d’un veuf de Plaintel, père d’une jeune fille qui a été religieuse et chez qui le fricot est d’autant meilleur qu’on trouve là « l’ancien cuisinier de Dutertre » ; et surtout l’heureux séjour chez Du Lorin à Plœuc, lorsqu’un prêtre est venu bénir le mariage de mademoiselle de Kercadio avec Hervé Du Lorin et celui d’Élisabeth Du Lorin avec M. Huguet. Mairesse passa là cinq jours dans un grenier où les jeunes mariés et « plusieurs vieilles dames » lui rendirent visite ; on lui montait de la cuisine les reliefs des banquets et les fonds des bonnes bouteilles[1]. Car si la bande crie famine, les chefs ne

  1. « Nous prenons une bouteille de vin ensemble ; après m’avoir dit qu’il y avait un prêtre qui mariait ses enfants, je vis descendre Du Lorin fils qui vint m’embrasser, ainsi que Pélagie, sa sœur ; l’autre jeune homme descendit aussi avec plusieurs vieilles dames ; mais je ne vis point Élisabeth (Élisabeth Du Lorin, qui