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DUVIQUET

perdent pas une occasion de festoyer. Duviquet est le coq de ces réjouissances : les hommes l’estiment ; les femmes l’adorent ; il a sa chambre à Bosseny, se cache à Kerigant : — « un trou au-dessus de la tête de bœuf à droite en entrant dans l’écurie, du côté du pressoir » ; — une autre à Moncontour, chez le jeune ménage Hervé Du Lorin, — une autre encore à Saint-Brieuc, chez Élisabeth Du Lorin, belle-sœur de Joséphine de Kercadio. Des refuges sûrs l’attendent à Plaintel, à Laurenan ; on se le dispute : son entrain, son intrépidité, sa galanterie tournent les têtes ; sa renommée efface le souvenir des Boishardy et des Tinténiac. — La chouannerie déroge.

C’est que, depuis deux ans bientôt, règne le Directoire ; sa démoralisation, legs de la Convention défunte, s’infiltre, se propage, gagne comme une gangrène tout le corps social. La lutte des partis, naguère désintéressée, se fait rapace : pour la première fois les gens discernent qu’une conviction peut être un métier, et lucratif : ceux qui occupent un emploi salarié, ceux qu’enrichissent la râfle des biens nationaux, l’agiotage, les fournitures, tiennent pour le gouvernement ; — les autres, les spoliés, que leur nom, leur passé excluent des charges et condamnent au discrédit, s’insurgent ; s’ils persévèrent dans la rébellion, ce n’est point qu’ils espèrent, isolés et sans ressources, rétablir le trône aboli : c’est seulement pour satisfaire, sous prétexte de représailles

    épousait Huguet). Elle resta en haut à tenir compagnie au bon prêtre que je n’ai pas vu non plus. Nous sommes restés quatre à cinq jours dans le grenier… parce qu’il y avait beaucoup de monde ; nous eûmes plusieurs visites : madame Grandgand, M. Du Lorin et son beau-frère, la femme du Du Lorin… » Relation de Mairesse.