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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/221

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LA MIRLITANTOUILLE

leur décharge, en grêle, fauche les soldats désarmés, interdits, dupes encore de l’accoutrement des assaillants. — « Ne tirez pas ! Ce sont vos camarades ! » Des hommes abattus se tordent sur le sol ; une confusion, des râles, des jurons, un désarroi tel que pas un coup de feu ne riposte à l’attaque. Le commandant L’Honoré bondit hors du cabaret ; frappé d’une balle, il s’effondre ; Corniquet, le géant, essaie de barrer la porte, appelant ses compagnons à la rescousse. Il tombe. Les trois autres gendarmes surpris par la fusillade dans la visite de la maison, sont tués sans avoir pu saisir leurs armes. Tout cela en un pêle-mêle, un tohu-bohu, un tourbillon de peu d’instants. Une dizaine de Bleus, éperdus, se sont sauvés, à folles enjambées, par la lande. Au seuil de la Mirlitantouille gisent huit cadavres et un moribond, dépouillés en un tournemain par les Chouans. On charge, sur trois chevaux, armes, équipements, uniformes ; un autre portera L’Honoré, assez grièvement blessé et pansé sommairement par un des hommes de Duviquet. Ce sera un otage précieux. Duviquet, que la fièvre accable, montera le cheval du commandant. Déjà la bande est en marche, suivant la crête du Mené vers Notre-Dame de la Croix et Bel Air ; elle gagnera ainsi la Butte à l’Anguille, descendra à Bosseny et se perdra dans la forêt de Loudéac. C’est la vieille piste de correspondance. Mais Duviquet, harassé et malade, ne peut suivre : tant de nuits sans sommeil l’ont épuisé. Il laisse à Carfort, qui est du pays[1], le soin de diriger

    saire du pouvoir exécutif près le tribunal de Loudéac au ministre de la Police. Archives nationales, F7 36692.

  1. Le hameau de Carfort, dont les Lenepvou de Carfort portaient