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DUVIQUET

cheval, et parmi eux, Corniquet, un géant, — six pieds de haut[1], bien connu de toute la région. Puis le commandant L’Honoré[2], à côté duquel marche un pataud de Loudéac qui sert de guide à la troupe et qu’on appelle Le Roux mille-boutons. Suivent quinze hommes du cantonnement de Pontgamp[3]. Tous s’arrêtent devant le cabaret ; les cavaliers mettent pied à terre et attachent leurs montures aux anneaux ; les fantassins déposent leurs armes : il est urgent de se rafraîchir ; le détachement marche depuis quatre heures et vient de traverser l’interminable lande de Phanton où l’ombre est rare. Les gendarmes et le commandant sont entrés dans le cabaret pour y perquisitionner ; les autres, au dehors, se délassent et se désaltèrent, trinquant le cidre frais. Pourquoi se garderaient-ils ? Aussi loin que porte la vue, pas un être humain n’apparaît.

Soudainement, à vingt pas, fusils braqués, surgissent de terre les hommes de Duviquet. Une fusillade. Des cris. — « Qui Vive ? — Républicains ! 13e demi-brigade »… répondent les faux Bleus[4] ;

  1. Lettre de Besné au ministre de la Justice, 18 juin 1798. BB18 253.
  2. Il venait de recevoir son brevet de chef de bataillon. » Habasque, loc. cit., III, 68 note.
  3. Relation d’événements arrivés dans la nuit du 28 au 29 prairial et dans la journée du 29. Archives nationales, F7 36692. Le rapport du commissaire de Loudéac (même dossier) ne porte le nombre des soldats qu’à douze. C’est aussi le chiffre indiqué par une autre pièce ayant pour titre Nouvelle exacte, qui se trouve aux Archives nationales, BB18 253. Habasque écrit : — «… sur un faux avis donné sous le timbre de Josselin qu’un émigré est caché dans le cabaret de La Mirlitantouille, L’Honoré est parti de Loudéac dans la nuit avec quatre gendarmes. En passant à Pontgamp, il a pris quinze hommes de surplus. »
  4. « Lorsque les nôtres les virent arriver, ils crièrent Qui vive ? et les autres répondirent : patrouille de la 13e demi-brigade ! En même temps, ils fondirent sur les républicains… » Le commis-