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LA MIRLITANTOUILLE

agonisant auquel il ne restait qu’un souffle de vie[1]. Des quelques curieux accourus de Plémy ou du hameau de Carfort, ils apprirent que les brigands, emmenant le commandant L’Honoré, s’étaient éloignés dans la direction de Bel-Air. Ce qui surprend c’est que l’on ne songea pas à interroger le cabaretier ni sa fille, seuls témoins du drame. Peut-être, fidèles à leur opiniâtre neutralité, déclarèrent-ils n’avoir rien vu…

Cependant les faux Chouans de Moncontour ne manifestèrent aucune hâte à poursuivre les faux Bleus sur les chemins du Mené. S’étant néanmoins avancés, sans entrain, jusqu’à mi-chemin de Notre-Dame de la Croix, ils aperçurent un cheval sellé vaguant dans la lande. Un peu plus loin ils rencontrèrent un gamin d’une douzaine d’années et lui demandèrent s’il n’avait pas vu passer les Bleus. — « Il y en a un de couché dans un champ ici, à côté », dit-il[2]. Aussitôt le champ est cerné ; un fourrier du 13e léger, Saulnier, assisté d’un bourgeois de Moncontour, y pénètrent avec précaution et découvrent, en effet, profondément endormi un homme, vêtu d’un uniforme de grenadier et portant les galons de sergent. Saulnier se jette sur lui ; le dormeur s’éveille, regarde, comprend : — « Ah ! je sais ce que vous voulez, dit-il ; je suis Duviquet ;

  1. C’était un volontaire de Pontgamp, « très grièvement blessé et qui doit être mort… », écrit, le 18 juin, le Commissaire du Pouvoir exécutif près le tribunal correctionnel de Loudéac. Archives nationales, F7 36692.
  2. L’épisode de l’enfant, — un petit pâtre, — se retrouve dans tous les récits, Relation d’événements… Archives nationales, F7 36692. — Nouvelle exacte, Archives nationales, BB18 253. — Habasque, qui n’avait pas connaissance de ces deux documents, l’a également placé dans sa relation.