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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/224

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DUVIQUET

fusillez-moi[1]. » On le maintient ; on le désarme de deux pistolets et d’un poignard qui sont à sa ceinture, de son sabre et de sa carabine[2]. On lui attache les mains ; il se résigne, persuadé qu’il va mourir[3].

Duviquet est pris ! Quelle victoire ! Personne dans le pays n’ignorait l’histoire de l’officier déserteur devenu brigand ; son nom était un épouvantail. L’exploit suffisait donc aux faux Chouans de Moncontour, peu soucieux de se lancer à la poursuite de la bande[4]. Ils reprirent avec le vaincu le chemin de La Mirlitantouille, de ce jour-là légendaire, et, sur la fin de l’après-midi, redescendirent vers Moncontour. À d’autres qu’aux habitants de cette petite ville, — blasés depuis longtemps sur

  1. Relation d’événements… — « Il les a priés de le détruire… » Nouvelle exacte
  2. C’était la carabine du brigadier de gendarmerie, Thierry, l’une des victimes du massacre de La Mirlitantouille. Duviquet s’était approprié cette arme, plus légère que le lourd fusil anglais dont il était porteur pour l’expédition contre la prison de Saint-Brieuc. Le fourrier Saulnier reçut en récompense « la ceinture saisie sur Duviquet ». Archives nationales, F7 6147. Jugement rendu par le Conseil de guerre
  3. De toutes les relations, seule celle de Habasque rapporte une tentative de résistance de la part de Duviquet. Les documents contemporains de l’événement sont muets sur ce point.
  4. Le rédacteur de la relation intitulée Nouvelle exacte écrit : — « Le détachement (de Moncontour) n’a pas jugé à propos d’aller troubler le sommeil des autres, couchés à trois champs plus loin. » Cela paraît peu vraisemblable : si Mercier La Vendée, Carfort et leurs hommes s’étaient trouvés à portée de secourir Duviquet, ils ne l’auraient certainement pas abandonné sans tenter de le défendre. C’est également par erreur que, dans son ouvrage sur les Côtes-du-Nord (I, p. 236), B. Jollivet dit que Duviquet fut pris dans un champ de la commune de Hénon. L’endroit où on le découvrit endormi doit être très rapproché de La Mirlitantouille, entre ce lieu-dit et Notre-Dame de La Croix, probablement à la croisée de la route qui conduit à cette chapelle et du chemin qui va de Launay-Montel à Folleville.