Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
LA MIRLITANTOUILLE

Gris-Duval et Kerigant avaient disparu[1]. On arrêta madame Le Gris, ses deux servantes, Hidrio et Du Lorin fils[2], maigre gibier à présenter devant un tribunal ; au reste l’absence des principaux inculpés rendait d’avance caduque toute nouvelle instruction.

Sous l’avalanche de récriminations, d’anathèmes, de brocards, d’invectives, Besné essaye d’abord de tenir bon, protestant « qu’il n’a trouvé dans les pièces de la procédure aucune preuve des crimes imputés aux accusés » — « il s’est rapproché des juges pour connaître leur avis ; ils lui ont observé que cela le regardait seul » — « Il connaît, il est vrai, le citoyen Mazurié, mais jamais il n’a reçu de lui un écu pour manquement à son devoir[3]. » Pourtant un tel flot de réprobation le submerge que, le 22 octobre, il démissionne. Aucune sanction ne peut l’atteindre avant qu’on ait reçu les ordres du ministre, et la correspondance est lente, entre la Bretagne et Paris. Vers la fin de novembre, seulement, arrive du ministère une verte réprimande[4],

  1. « Ils s’étaient échappés par le jardin. » Kerigant, Les Chouans.
  2. Quelques jours après son acquittement, le 16 juillet, Du Lorin, mettant à profit les bonnes dispositions de Palasne-Champeaux, avait sollicité et obtenu, pour sa femme et pour lui, un passeport l’autorisant à aller se fixer à Rennes. P. Hémon, Le comte du Trévou, p. 78. Il faut bien croire qu’il n’avait pas cependant, trois mois plus tard, quitté Saint-Brieuc, puisqu’il y fut arrêté en octobre. Archives nationales, F7 6147.
  3. Archives nationales, F7 6147, BB18 253 et AF111 559, dossier 3774.
  4. « Vous avez rédigé une longue ordonnance que l’on prendrait plutôt pour un plaidoyer en faveur des prévenus… et vous les avez rendus à la liberté sans avoir rempli à leur égard les formalités les plus essentielles… Je ne puis vous dissimuler que la conduite que vous avez tenue dans cette circonstance est peu digne d’un magistrat attaché à son devoir… » Archives nationales, BB18 253.