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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/252

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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

Il est difficile d’imaginer la stupéfaction, l’effroi même causés chez les patriotes des Côtes-du-Nord par cette flétrissante concussion : — « Tous les amis de l’ordre et du gouvernement sont dans la consternation : c’est une calamité publique, c’est le coup de massue le plus terrible qu’on pouvait porter aux départements de l’Ouest. L’impunité de pareils délits augmente l’audace des ennemis de la République… » ; ainsi s’exprimait dans son rapport le commissaire du Directoire[1]. Aux malheureux fonctionnaires qui, depuis tant d’années, luttent, au risque quotidien de leur vie, le courage manque subitement ; de toutes parts s’élève une lamentation désespérée. Ceux surtout qui, isolés dans des bourgs lointains dont tous les habitants leur sont hostiles, se trouvent plus exposés aux persécutions et à l’assassinat, perdent leur dernier espoir et vont se résigner à servir les brigands. Pour parer au désastre, le commissaire près le tribunal de Saint-Brieuc se pourvoit sans tarder contre l’ordonnance de Besné ; dans la nuit même qui suit l’événement il donne l’ordre de réincarcérer tous les prévenus ; mais ceux-ci sont mieux servis que les magistrats ; « un billet anonyme, déposé par une main inconnue » les avertit du danger et quand les gendarmes se présentèrent à la maison de la rue des Bouchers, Le

    des dentelles précieuses lui furent offertes et aussi un huilier en vermeil, artistement travaillé. Cet huilier figura plus tard dans une vente de mobilier et fut acheté à la famille Champeaux par celle de M. Varin, ancien procureur général à la Cour de Rennes. Pour « l’achat » de Besné, M de Kerigant assure que l’on compta à l’accusateur public, dix-huit mille francs contre l’ordre de mise en liberté. Six mille francs furent versés ultérieurement. Les Chouans, p. 89.

  1. Archives nationales, AF111 559 et F7 6147.