Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
LA MIRLITANTOUILLE

disposait de sommes inépuisables « en raison de ses relations avec l’empereur d’Autriche et le roi d’Angleterre ». La mystification eut son plein effet sur les paysans révoltés, épris de légendes, et dont le nombre s’était augmenté, au printemps, de tous les réfractaires à la levée de 300.000 hommes décrétée par la Convention. Outre les bandes dont dispose le jeune Boisguy, autour de Fougères, il y a, aux environs de Laval, celle de Jean Cottereau, dit Jean Chouan, celle de Jambe d’Argent dans la Mayenne, celle de la Vache noire que commande Courtillier, dit Saint Paul, et quelques-uns de ces groupements obéissent à un certain Monsieur Jacques, ancien officier de la garde du Roi. Car, pour dérouter les dénonciateurs, ces révoltés ont adopté des sobriquets : Sans peur, Cœur de lion, Monte à l’assaut, Brave la mort, Sans quartier ; sur un ordre ils prennent le fusil, s’embusquent, harcèlent les Bleus, tracassent les acheteurs de biens nationaux et les prêtres « sermentés », puis le coup fait, ils se dispersent, rentrent chez eux, reprennent la charrue ou l’outil habituel, leur nom légal, et cette double personnalité les fait insaisissables.

Puisaye projetait de rallier ces éléments disséminés et d’en être le chef. Ses premières propositions à Boisguy furent reçues froidement ; une autre démarche auprès des généraux vendéens n’eut pas meilleur succès. C’était à la fin d’octobre 1793, époque où l’armée royale de Vendée, repoussée de son territoire, émigrait en masse sur la rive droite de la Loire[1]. Troupeau lamentable de combattants

  1. Puisaye, désireux de jouer un rôle qui mît fin à sa vie