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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/266

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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

l’un des condamnés à la déportation absous par Besné : aussi les rapports célèbrent-ils avec fracas l’arrestation de « ce monstre, affilié à la bande de Carfort et couvert de crimes atroces[1] ». On se félicite du moindre succès comme d’un triomphe : un jour, on trouve sur la route de Moncontour à La Mirlitantouille le corps d’un chouan : c’est Nivet, dit La Pointe, et tout de suite les fonctionnaires se congratulent du trépas de ce scélérat obscur, « l’un des assassins les plus sanguinaires de la bande de Carfort, infiniment redouté des habitants de Moncontour et des environs parce qu’il connaissait toutes les personnes et leurs opinions ». L’enquête établit que ce Nivet, caché dans quelque maison de correspondance, est mort de la petite vérole et que, pour se débarrasser de son cadavre compromettant, ses camarades l’ont, de nuit, exposé sur le grand chemin[2]. Souvent même, on crie victoire sur un simple bruit, et c’est ainsi que, au début d’octobre on annoncera, « comme un succès très important », la mort du trop fameux Le Gris-Duval, « atteint d’une balle qui lui a traversé les reins au cours d’un combat entre sa bande et un détachement de Bleus, dans la forêt, non loin du château de Lorges[3] ». Personne ne songera que, pour se délivrer des poursuites, le madré chef de division peut avoir lui-même inventé ce dérivatif dénouement.

Un autre succès des Bleus, plus réel, fut, en mai 1799, l’arrestation de madame Le Frotter de Kérilis[4],

  1. Archives nationales, F7C III, Côtes-du-Nord, 10.
  2. Archives nationales, F7 7532B.
  3. Archives nationales, F7 7643A.
  4. Née Marie-Gabrielle Thibault.