Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
259
LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

rouge de Tinténiac et qui n’était autre que la vieille piste de correspondance, toujours en usage depuis l’époque lointaine du marquis de La Rouerie. À Bignan elle s’augmenta d’un détachement des bandes de Guillemot, passa par La Trinité et Coëtlogon, gagna la forêt de Loudéac. Comment se ravitaillait-elle ? Rien ne l’indique. Les Chouans n’étaient plus ces soldats des bons prêtres et du roi que la ferveur des paysans fournissait naguère sans compter : il fallait, maintenant, payer tout sur la route et, peut-être, les 32.000 francs enlevés en juillet par Saint-Régent et Dujardin au courrier du receveur de Loudéac, avaient-ils été mis en réserve pour parer aux frais de l’expédition. Encore ne pouvait-on acheter des vivres en suffisance que dans les villes ou, du moins, dans des bourgades importantes : cette insolite affluence de consommateurs bien armés n’attira-t-elle l’attention d’aucun agent national ? Comment ne se trouva-t-il pas un fonctionnaire assez soucieux de son devoir pour sauter à cheval et courir au chef-lieu afin de signaler cette invasion en marche ? Personne ne s’étonna ; rien ne bougea ; les Chouans opérèrent leur concentration avec plus de méthode et de sécurité que l’aurait pu faire une brigade des soldats de la République.

De la forêt de Loudéac l’armée de Mercier atteignit le bourg de La Motte où elle se grossit des hommes de Saint-Régent et de Dujardin, rassemblés aux environs de Laurenan[1]. Puis elle s’enfonça dans la longue forêt de Lorges. On signale un conseil tenu par Mercier chez un chef de canton, nommé

  1. Sur les pentes orientales du Mené.