croire qu’il allait être attaqué. Durant trois quarts d’heure, il sonna éperdument, sans autre effet que de mettre en grand émoi ses pensionnaires. Toute la population de la geôle était sur pied, cherchant à discerner, d’après le bruit plus ou moins proche des détonations, la marche des assaillants. Les uns, — ceux que Rolland dit Justice avait avertis, — se réjouissaient de l’événement ; les autres, tels que Giraudeau, espéraient dans l’anxiété la victoire de la garnison.
Dans la cellule où était recluse, attendant l’échafaud pour l’aube prochaine, madame Le Frotter, on avait placé avec elle plusieurs autres détenues, la femme Le Fler, les filles Dujardin, Girault, Annet, Verrier et le Ster[1]… La première, réveillée par le bruit, tire le bras de madame Le Frotter, disant : — « Il me semble que j’entends crier Vive le Roi ! » La condamnée écoute, perçoit des clameurs assourdies : — « Vous vous trompez : on crie : Vive la République ! Au surplus, laissez-moi dormir. » Mais, un instant après, on distingue nettement des coups de feu ; la fille Dujardin est aussitôt debout : — « Madame ! voilà une fusillade ! Savez-vous d’où elle vient ? » Cette fois, madame Le Frotter ne peut s’y tromper ; elle est toute tremblante : — « Ce sont peut-être les Royalistes », dit-elle… Elle écoute encore : — « On ne bat pas la générale ; il faut qu’ils soient maîtres de la ville… Couchez-vous, les filles, et ne faites aucun bruit[2]. »