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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/319

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LA MIRLITANTOUILLE

naisons théâtrales ; mais il n’en reste pas trace dans les documents d’archives, où l’évasion de madame Le Gris est simplement notée sans date et sans commentaire[1].

La fugitive rentra mourante à Bosseny ; les émotions, les fatigues de la vie aventureuse, le transfèrement de Saint-Brieuc à Paris, en plein hiver, « de brigade en brigade » avaient usé sa résistance. Le Gris-Duval se résolut à déposer les armes. En décembre 1799, il signait encore, comme « général commandant la division des Côtes-du-Nord », l’arrêt de mort d’un patriote « convaincu d’avoir assassiné un soldat royaliste[2] » ; ce fut la dernière

  1. Renseignement fourni par M. l’archiviste départemental d’Ille-et-Vilaine. Dans le récit de M. de Kerigant, — Les Chouans, p. 94 et suiv. — madame Le Gris-Duval s’évade de La Tour Le Bat, la vieille geôle rennaise, ce qui rend l’événement plus dramatique. M. de Kerigant le date de décembre 1798, ce qui le rend impossible. À cette époque, madame Le Gris-Duval était en prison à Saint-Brieuc et si elle passa les trois derniers jours de décembre à La Tour Le Bat, c’est parce qu’on la transférait à Paris d’où elle ne revint qu’en avril. En réalité, l’évasion est postérieure au 4 janvier 1800, jour où la prisonnière fut internée à la Maternité, et antérieure au 20 février, époque où son amnistie fut prononcée et où l’on mit en liberté Villemain, Du Lorin, ainsi que ses autres compagnons de captivité. Cette transposition de date modifie du tout au tout le caractère de l’incident : dans les premiers jours de 1800, en effet, les prisons s’ouvraient toutes grandes ; il est probable que les autorités fermèrent volontiers les yeux sur la disparition de la détenue, et qu’elle n’eut qu’à s’en retourner chez elle sans être autrement inquiétée. La garnison de Rennes ne fut certainement pas lancée à sa poursuite, et madame Le Gris-Duval n’eut pas à « s’habiller en gendarme » pour dépister les poursuites, ainsi que le dit Levot dans la Biographie bretonne — article Legris-Duval.
  2. « Au nom du Roi, armée catholique et royale. Le Conseil de guerre de la division de Saint-Brieuc, extraordinairement assemblé, condamne à la peine de mort Charles Rogon, demeurant à Coëtmieux, convaincu d’avoir assassiné un soldat royaliste et d’en avoir lâchement livré un autre aux républicains après l’avoir enivré. Ce ne sont pas les seuls crimes dont se soit souillé le citoyen Rogon. Jugé le 6e jour du mois de décembre 1799. Signé Fortuné, lieute-