Aller au contenu

Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
BOISHARDY

et la sombre forêt de La Nouée, domaine de Saint-Régent, dit Pierrot, l’un des plus actifs adversaires de la République. Il vit dans les bois ; il a sa « loge » à droite du chemin qui va du village de La Nouée au Pas-aux-Biches ; il circule sans appréhension ; on le voit souvent au Questel, en Pleugriffet, où il mange ; il est habituellement vêtu d’une pelisse de hussard, jaune et garnie d’hermine, d’un pantalon de peau, d’un gilet moucheté couleur café[1] ». C’est un homme de très petite taille, — quatre pieds, quatre pouces[2], — d’aspect malingre, « en raison d’une balle qu’il a reçue dans le côté gauche », avec un visage maigre, le nez long et effilé, les yeux bleus et vifs, d’ailleurs très courtois, très doux et d’un enjouement inaltérable.

L’étape suivante est à la Ville-Bouquet, en Guégon, près de Josselin ; puis on va à Kerdaniel, vieille gentilhommière percée de caches et voisine de souterrains ; les chefs royalistes s’y réunissent quelquefois. Non loin de là, au passage de la Claye qui coule au fond d’un ravin à pic, est « la maison du Roc », ferme proprette, juchée sur un promontoire de rochers gris ; un grand sapin signale de loin ce refuge, le plus renommé de toute la Bretagne ; là habite la veuve Lohezic, la mère aux chouans, bonne femme qu’on dit riche et qui prodigue ses gâteries aux partisans de la « bonne cause[3] », La dernière station de la route est Came-

  1. Archives du ministère de la Guerre, Armée d’Angleterre, mai 1799.
  2. Un mètre quarante cent. É. Sageret, Le Morbihan sous le Consulat, I, 173.
  3. Le Fahler, Le Royaume de Bignan, p. 557.