armes, ou cet autre, nommé Molard, de Plumieux, qui, lorsqu’il porte la correspondance, « a toujours deux formes derrière le dos et son tablier sur le ventre, comme un cordonnier qui va à sa journée[1] ». Sans cesse ces facteurs arpentent les chemins entre le Morbihan et la côte de Saint-Brieuc ou de Saint-Malo ; leur service est presque régulier : — « C’est une véritable poste qui rivalise avec celle du gouvernement et arrive à faire mieux qu’elle » ; d’où, en décembre 1795, cette plainte du district de Josselin à l’administration départementale : — « les Chouans reçoivent leur courrier deux et trois fois par semaine et les républicains une fois seulement par décade[2] ! »
Cette organisation créée par la Rouerie[3], servit grandement les ambitieux desseins de Puisaye ; il fut aidé aussi par l’indéniable séduction de sa prestance et de sa parole ; son aplomb fit le reste. Dès le printemps de 1794 on le voit se parer du titre de général qu’il s’est à lui-même décerné. Il parlera bientôt des pouvoirs à lui confiés par les Princes, frères de Louis XVI, bien avant que ceux-ci, — dont l’un est à Vérone et l’autre à Arnheim, — aient entendu parler de lui. L’été ne sera pas écoulé qu’il signera général en chef, sans soulever aucune protestation ; voilà comment, en moins d’un an, ce
- ↑ Archives du Ministère de la Guerre, Armée d’Angleterre, mai 1799.
- ↑ G. Le Fahler, Monographies chouannes, 106, n. 3.
- ↑ Puisaye se flatte de l’avoir créée : Mémoires, II, 384. — « Nous établîmes des courriers de ville à ville, de bourg à bourg, presque de ferme à ferme… » Il prétend aussi avoir établi les maisons de correspondance offrant des retraites aux émissaires ; d’autres, plus retirées, servent d’hôpitaux pour les blessés. « Ces maisons, dit-il, étaient connues de tous les royalistes. »