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LA MIRLITANTOUILLE

proscrit, ce condamné à mort, cet hors la loi parvint à conquérir la Bretagne, de toutes les provinces la plus hostile à ce qui n’est pas autochtone. Aux royalistes, très nombreux, mais sans lien, un chef était indispensable ; aucun d’eux ne présentait alors assez de surface pour prendre le pas sur les autres qui, probablement, n’y auraient pas consenti ; cet inconnu s’offrait, semblait s’imposer, on l’accepta, sans l’acclamer : il y eut toujours une sorte d’antipathique réserve dans la soumission des Bretons à Puisaye ; mais bien des préventions tombèrent du jour où, par l’intermédiaire de Tinteniac, il eut rallié Boishardy.

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Quoique sa renommée soit demeurée purement locale, Boishardy[1] reste une de ces attachantes figures qui, parmi la froide phalange des morts dont l’Histoire recueille les noms, semblent garder quelque chose de la chaleur entraînante et de la pathétique sympathie dont surabonda leur vie fougueuse. Il était beau ; de taille moyenne mais naturellement élégante, il avait des traits réguliers, le regard ouvert, des cheveux châtain clair, donnant à sa physionomie martiale un aspect de douceur que ne démentait pas son caractère[2]. Sa courtoisie, sa

  1. Amateur-Jérôme-Sylvestre Bras de Forges de Boishardy. Son père, marié une première fois avec Sylvie-Louise-Françoise Couppé des Essarts, avait eu deux filles de cette union, Jeanne-Scholastique et Émilie. De son second mariage avec Marie-Anne du Bosq de Quemby, il eut une fille, Marie-Anne et un fils, Amateur-Jérôme-Sylvestre, né au manoir de Boishardy, le 13 octobre 1762. P. Hémon, Le Comte du Trévou.
  2. Signalement de Boishardy en mai 1793 : — « 28 ans, taille