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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/45

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BOISHARDY

coupables d’avoir souffert sur le territoire de leurs communes la présence du factieux ; nul ne tenta de se soustraire à l’emprisonnement en révélant sa retraite. On essaya de lui tendre un piège : il y avait en Bréhand, un manoir, celui de la Ville-Louët, où, disait-on, Boishardy était fréquemment attiré par son affection pour une très jeune fille, presque encore une enfant, mademoiselle Joséphine de Kercadio. Ayant, depuis huit ans, perdu son père, mademoiselle de Kercadio vivait à la Ville-Louët, seule avec sa mère[1]. On arrêta celle-ci comme suspecte et on la dirigea vers la prison de Lamballe, sans lui accorder, malgré ses instantes prières, l’autorisation d’emmener avec elle Joséphine qui dut rester à la Ville-Louët, sous la garde de ses domestiques[2]. Sans doute espérait-on que l’isolement de l’orpheline conduirait dans le voisinage, Boishardy, soucieux de veiller sur sa jeune amie. Il ne parut pas. Le jugement qui l’avait condamné, ordonnait la confiscation et la vente, au profit de la Nation, de tous les biens du contumace. Le manoir de Boishardy, son mobilier, les terres, les métairies, le moulin qui en dépendaient, — environ 130 journaux de terre dont 50 au moins de landes et de bois[3], furent mis en adjudication et passèrent à un intrus. Boishardy laissa faire sans se manifester. Le seul résultat de cette spoliation fut d’établir que ce

  1. Née Charlotte-Jeanne Le Bottey. Archives municipales de Moncontour.
  2. On mit aussi en arrestation et on emmena également à Lamballe un parent de madame et de mademoiselle de Kercadio qui s’était fixé près d’elles à Bréhand.
  3. À peu près 60 hectares, le journal valant 48 ares 624. (Léon Dubreuil, La vente des biens nationaux dans les Côtes-du-Nord.)