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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/48

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LA MIRLITANTOUILLE

Ces effarants propos sont, en quelque sorte, confirmés par le juge de paix de Quintin, Dubouilly, un bon patriote, celui-là, qui écrit : — « Boishardy fréquente le village de Plaintel depuis six mois… Je l’ai épié plusieurs fois sans avoir pu le rencontrer… Ses gens ont des mouches partout.. Ma femme passant un jour près de la Ville-Hamon, — écart de Plaintel, non loin de la forêt de Lorges, — rencontra sur la route différents feux avec des gardiens à peu de distance les uns des autres… Dans son retour elle trouva plusieurs autres feux et fut abordée par un homme qui lui dit : — « Madame, vous êtes trop hardie, je vais vous conduire… » L’imprudente s’était bien probablement aventurée dans les environs du quartier général de Boishardy. Et Dubouilly ajoute : — « À la Ville-Menguy », — ferme-manoir presque dans la forêt de Lorges, à cent toises de l’étoile de Gourlay, — « il y a des souterrains : l’une de mes mouches m’a dit que l’ouverture est dans une armoire, vis-à-vis la porte d’entrée[1]… » Dubouilly avait trop parlé : huit jours plus tard, aux portes même de Quintin, il fut, en plein jour, accosté par cinq chouans « qui lui tirèrent chacun un coup de fusil et lui écrasèrent la tête à coups de crosse[2]. » Boishardy était bien servi.

Constatant l’impuissance de la répression, l’accusateur public Besné trépignait de rage ; à ses titres s’ajoutait maintenant celui de capitaine des chasseurs de la garde nationale[3]. Que n’allait-il, à

  1. Archives des Côtes-du-Nord, 25 frimaire, III. Le rapport est cité intégralement par M. Émile Bernard. (Un chef de chouans des Côtes-du-Nord, Revue des Études historiques, 1915, p. 384-385.)
  2. Émile Bernard, loc. cit., p. 398 n.
  3. Archives nationales, D111 58.