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BOISHARDY

il n’est pas, comme dans cette expédition où cent hommes de la 17e demi-brigade envahissent les villages de Plédran et de Hénon, visitent toutes les maisons sans rien découvrir[1] : peut-être Boishardy, tandis qu’on perquisitionne dans Hénon, pêche-t-il tranquillement à la ligne, à une demi-lieue du village, au bord de l’étang du Colombier ; car il consacre ses loisirs à cette occupation pacifique, ainsi qu’en témoigne l’un des officiers municipaux de l’endroit[2]. De temps à autre, il arrive qu’un maladroit de ses bandes se laisse prendre ; on l’amène à Lamballe ou à Saint-Brieuc ; on le menace de mort, on le presse de questions et l’on apprend des choses terrifiantes : telles que les révélations d’un certain Gilles Garandel annonçant que « sous quinze jours ou trois semaines, Boishardy aura 90.000 hommes armés et équipés ; le duc de Chartres commandera cette armée ; tous les patriotes, et particulièrement les corps constitués doivent périr : la cavalerie est dans la forêt de La Nouée, un camp dans celle de La Hunaudais[3]… » Il est aussi fait mention, dans ces délations, d’une belle jeune fille qu’on voit quelquefois, « les cheveux dénoués, montée sur un petit cheval gris »… Mademoiselle de Kercadio évidemment, galopant vers la retraite de son ami.

  1. Archives des Côtes-du-Nord, 19-20 vendémiaire, an III.
  2. « Cyprien Villemain et Pierre Richecour, secrétaire greffier de la commune de Hénon, ont déclaré que François Duroz, gardien au Colombier, a dû boire avec Boishardy qui était à pêcher près l’étang du Colombier, il y a environ trois mois et que Boishardy tira deux coups de pistolet sur le nommé Pierre Gatain ( ? nom peu lisible) du Tertre-Moro, qui lui avait demandé de quel droit il pêchait dans cet étang… » Archives des Côtes-du-Nord, 15 vendémiaire, an III.
  3. Archives des Côtes-du-Nord, 5 frimaire, III.