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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/56

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LA MIRLITANTOUILLE

tant à coups de pistolet ; une mêlée s’engage dans l’ombre et dans la fumée. Dufour abat un homme, puis un autre, s’élance au dehors, renverse une sentinelle, franchit une haie et se sauve à toutes jambes, croyant ses compagnons massacrés[1]. Il les retrouva, le lendemain, sains et saufs ; mais cette bagarre instruisait Cormatin de ce qu’allait être désormais sa vie, et ce fut peut-être là ce qui décida de ses préférences marquées pour une rapide pacification.

L’heure était favorable : depuis la fin d’août, Hoche commandait les troupes républicaines de Bretagne et ses premières proclamations attestaient sa modération. Au nombre des députés de la Convention que le Comité de Salut public déléguait dans les provinces de l’Ouest, comptaient deux hommes disposés, l’un par politique, l’autre par sentiment, à la réconciliation, Bollet et Boursault. Celui-ci, Parisien adroit, rompu aux affaires et à l’intrigue, violent, « toujours prêt à prendre une voix de tonnerre », ancien acteur, auteur, directeur de théâtre, « vous déclamait sans le moindre à-propos des vers de Voltaire ou des siens[2]. » Fort attaché, d’ailleurs à la Révolution, il y trouvait l’occasion d’une fortune dont plus tard son nom reçut quelque éclat[3]. Bollet, paysan picard[4], plus modeste mais plus sûr, avait des formes rudes, le ton sévère, mais,

  1. Dufour, Mémoires, 15.
  2. Mémoires d’un bourgeois de Paris, par le docteur Véron, I, 39.
  3. Une rue du XVIIe arrondissement de Paris, tracée par lui, sur ses propriétés, porte son nom.
  4. Lors de son élection à la Convention, maire de Quincy-la-Bassée, Pas-de-Calais.