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II


Au delà du bourg de Gausson, au point où les premières futaies de la forêt de Lorges se dressent, cernant la plaine, un lieutenant de Boishardy[1] guette dans la lande. L’endroit est désert ; la maison la plus proche est une masure blottie contre la forêt[2]. Il est tombé de la neige et quand, en ces âpres lieux, les grands espaces sont givrés par l’hiver, les bois dépouillés qui ferment l’horizon semblent plus noirs et plus hostiles.

Humbert paraît, suivi de son aide de camp ; l’officier royaliste vient à eux, salue, se présente « dans les termes les plus honnêtes », prie les républicains de mettre pied à terre et d’avancer jusqu’à une portée de fusil : le chef est là, en pleins champs ; on causera plus librement. À une centaine de pas, en effet, Boishardy attend ; quand il voit Humbert s’approcher, il sort de sa ceinture son poignard qu’il lance dans les bruyères ; Humbert déboucle son

  1. Chantreau, bien probablement.
  2. Peut-être la maison dite Le Pavillon, voisine du hameau du Haut-Questel, en Gausson, parfois signalée comme lieu de correspondance des Chouans.