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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/79

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BOISHARDY

heures, — éloquemment, sans doute, et même avec émotion ; quand il en vint à exposer son désir de mettre fin à la guerre civile, il y mit tant d’impétuosité que ses yeux se remplirent de larmes[1]. Bref, le jeune général en chef accorda son approbation. Cormatin et Humbert partent : à Vitré, à Laval, à Angers, à Ancenis, à Nantes, ils répandent des proclamations, se mettent en rapport avec les chefs de bandes royalistes ; propagande trop rapide et souvent peu comprise : pour mieux impressionner les populations, Cormatin a soigné sa tenue : suivant l’occasion il ne néglige ni les bottes à revers, ni les plumes, ni les éperons, ni l’écharpe, ni le sabre, accessoires indispensables de son grade éminent ; ou bien, pour se donner l’allure d’un vrai chouan, il porte la veste de drap gris de fer à revers noirs, le Sacré Cœur sur la poitrine, le chapelet passé à la boutonnière, un gilet de drap vert et de larges culottes à bandes de velours[2]. S’il plaît généralement aux femmes, il étonne plutôt les rudes gas qui, depuis deux ans, se battent « pour leur Dieu et pour leur Roi », effarés d’entendre cet inconnu, loquace comme un personnage de théâtre, assisté d’un général bleu, muet comme un figurant, les exhorter à déposer les armes et à rentrer paisiblement chez eux. — Les églises sont-elles rouvertes ? — Louis XVII est-il aux Tuileries ?… On est troublé, on soupçonne quelque piège, et Cormatin, sur son passage, fait moins de prosélytes que de mécontents.

  1. Rapport de Hoche au Comité de Salut Public.
  2. H. Welschinger, Aventures de guerre et d’amour du baron de Cormatin, p. 74.