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BOISHARDY

que j’entrave l’action nécessaire de la justice[1]. » Boishardy, voyant le danger, réclama la médiation d’Humbert, qui intervint[2] et s’attira une lapidaire réplique du spartiate Besné : — « Humbert, ta loyauté a été trompée ; tu ne sais pas tout et je regrette de ne pouvoir rien faire qui te soit agréable. Les ministres de la loi ne transigent pas avec ceux qui la violent… J’ai juré d’être fidèle à ma patrie et je tiens mon serment. Salut et fraternité[3]. » On le fit taire pourtant. Par quel moyen ? Bollet, peut-être, le calma, à moins que Boishardy en personne se fût décidé à employer des arguments lénitifs. Même avec l’austérité républicaine de Besné, — la suite de ce récit le montrera, — il était « des accommodements ».

Cependant Cormatin, continuant sa propagande pacificatrice, débarquait à Nantes le 19 janvier, convoyant toujours le docile Humbert. Le major général des armées catholiques et royales de Bretagne se trouvait là sur un grand théâtre : une douzaine de représentants du peuple étaient rassemblés au chef-lieu de la Loire-Inférieure ; Hoche y venait d’arriver la veille ; il s’agissait d’amener Charette, qui tenait la Vendée, à traiter avec la République. Cormatin se fait fort de l’y décider ; il se présente aux conven-

  1. Archives des Côtes-du-Nord, 29 nivôse, III.
  2. « J’ai appris par Boishardy, écrit Humbert à Besné, que mademoiselle de Kercadio est à la veille d’être envoyée par votre tribunal à celui de Paris ; d’après ce que m’a dit Boishardy, ce jugement pourrait occasionner de nouveaux malheurs. Je vous invite donc, au nom du bien public, de mettre toute la lenteur possible dans cette affaire jusqu’à mon arrivée à Nantes où j’en parlerai aux représentants. » Archives nationales, D111 58.
  3. Archives nationales, D111 58.