Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/105

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de cette pauvre folle. Comme il prétendait établir une assimilation comique entre la politique religieuse de Robespierre et les extravagantes conceptions de la visionnaire, il ne lui déplaisait pas que celle-ci fût une maritorne sans éducation ; les échantillons qu’il connaissait déjà du style de la prophétesse devaient produire, par contraste, dans un rapport de ton officiel, des effets sûrs.

Catherine Théot était complètement illettrée. Née le 5 mai 1716, à Barenton, dans le diocèse d’Avranches[1], d’un journalier chargé de famille[2], elle vint à Paris, dès qu’elle fut d’âge à entrer en service ; elle était zélée et fort pieuse[3] ; elle s’approchait des sacrements tous les jours : – « J’ai désiré longtemps, dicta-t-elle, entrer dans un couvent pour me renfermer, parce que je croyais qu’il n’y avait que dans un couvent que l’on pouvait se sauver ; mais Dieu m’a fait connaître le contraire ; j’ai fait soixante-dix lieues pour entrer dans un couvent de mon pays où mes vertus étaient connues de madame la Supérieure et d’une dame de chœur. Dans le moment qu’ils m’ont dit : « Allez, on va vous ouvrir la porte », je n’ai point voulu entrer sans demander conseil à mon Dieu. Il m’a révélé que ce n’était point dans le couvent qu’il me

  1. Archives de la mairie de Barenton, Manche : – « Catherine, fille de Gilles Théot et de Michelle Heuzé, a été baptisée par moi soussigné, prêtre, nommée par Christofle Lammondays et Renée Théot, le 5e jour de mai 1716, et ont les parrain et marraine dit ne savoir signer. A. Bouillon, prêtre. »
  2. Catherine Théot avait sept frères ou sœurs. Archives de Me Paul Simon, notaire, à Paris.
  3. « J’ai pratiqué la vertu dans ma jeunesse, je me suis donnée à Dieu dès mon enfance. » Papiers saisis chez Chaumette. Archives nationales, T 604-605.