Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/118

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beaucoup », et apprit que ce serait pour bientôt, « plus tôt que l’on ne croit ». L’une des sœurs ayant témoigné le désir d’entendre un cantique, la jolie fille brune consentit à chanter, « à condition que la mère la paierait d’un baiser », qu’elle obtint aussitôt, et elle entonna une sorte d’hymne que les autres reprenaient en chœur :


Tous élus, tous amis, tous frères,
Choisis par la Mère de Dieu,
Restons amis constants, sincères,
En tous pays comme en tout lieu…


Sur le dernier couplet, le frère en redingote blanche rentra dans la salle, ramenant un fidèle vêtu d’une houppelande grise et coiffé d’une perruque à queue. Ce personnage s’approcha de Catherine, reçut les baisers et s’assit près d’elle dans l’un des fauteuils restés jusqu’alors vacants. À son entrée, les élus s’étaient inclinés et relevèrent seulement la tête quand il fut assis. Lui parcourait des yeux l’assemblée ; ses regards s’arrêtaient particulièrement sur Héron et sur Sénar ; il prit entre ses mains la main sèche de Catherine Théot et lui parla longuement à voix basse, sans cesser de dévisager les intrus dont la présence et le maintien semblaient le préoccuper. Il leur demanda quels étaient leurs noms, leur état, leur domicile, et, comme ils répondirent sans hésitation à ces questions auxquelles ils s’étaient préparés, il les pria d’en renouveler par écrit la déclaration avant de se retirer. Sénar l’interrogea à son tour : « Vous êtes, sans doute, un de nos frères ? – Oui, répliqua l’homme à la houppelande grise ; il est temps que nos