Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/129

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cette ville si particulièrement religieuse. D’ailleurs, on a dit, et c’est très vraisemblable, que jusqu’en 1789, Robespierre « communiait tous les huit jours[1] ». Député aux États généraux, il protestera d’abord contre les malintentionnés qui, pour discréditer les représentants du Tiers, osent insinuer que ceux-ci « veulent porter atteinte à la religion catholique[2] ». Il la considère alors, c’est évident, comme intangible et sacrée. Quand la guerre contre le culte sera déchaînée, il s’élèvera en termes violents contre les prélats et les hauts dignitaires de l’Église ; mais il se posera toujours en défenseur du « bas clergé ». Il poussera même la sollicitude jusqu’à réclamer, dès 1790, pour les ecclésiastiques, le droit au mariage, innovation prématurée que des murmures l’empêchèrent de formuler[3]. À la Convention, il sera le dernier avocat des catholiques et de la liberté des cultes ; il obtiendra le maintien du salaire des curés et vicaires : – « Attaquer le culte, dit-il, c’est attenter à la moralité du peuple[4]. » Lors de l’épuration des Jacobins d’où l’on balaye les étrangers, les nobles, les banquiers, il s’opposera à l’expulsion des prêtres, membres du club[5]. Sans cesse on le verra recherchant la société des ecclésiastiques, – nouvelle similitude avec Rousseau qui écrivait : « J’ai beaucoup d’amis parmi le clergé de France ; j’ai toujours très bien vécu

  1. Aulard, Société des Jacobins, VI, 317. Discours de Dubois-Crancé.
  2. Lettre à Buissart, citée ci-dessus.
  3. S. Lacroix, Commune de Paris, 2e série, VI, 676.
  4. Voir sur Robespierre, « avocat des catholiques », les magnifiques pages de M. Pierre de La Gorce, dans l’Histoire religieuse de la Révolution française, III, 333 et s.
  5. Moniteur, réimpression, XVIII, 691.