Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/157

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et qu’il voulut voir de près. Babet, très émue, sortit l’anneau de son doigt, le lui remit pour qu’il l’examinât à loisir ; mais, à ce moment, Le Bas entendit qu’on l’appelait : c’était l’instant d’un vote ; en hâte, il descendit les gradins, se perdit dans les groupes. La séance s’acheva sans qu’il reparût, et Élisabeth dut rentrer rue Saint-Honoré, enrichie d’une lorgnette accusatrice, dépourvue de sa bague, et en grand danger d’être grondée. Charlotte, qui n’en était plus à s’émouvoir d’un si chaste début de roman, réconforta sa naïve amie. Madame Duplay ne s’aperçut de rien ; seul, Robespierre s’étonna du changement d’humeur de la jeune fille : « Petite Élisabeth, dit-il, regardez-moi comme votre meilleur ami, comme un bon frère ; je vous donnerai les conseils dont on a besoin à votre âge. » Mais elle ne confessa rien. Elle était bien triste, ayant appris que Le Bas, gravement malade, ne paraissait plus à l’Assemblée. Elle s’effrayait du sentiment inconnu qui ne quittait plus sa pensée : un grand amour était dans son cœur.

Un jour de juin elle le revit, si changé ! C’était au jardin des Jacobins, par un beau soir de printemps. Ils causèrent : il déclara qu’il cherchait à se marier ; il pria Élisabeth de lui trouver une femme, une femme très gaie, aimant le plaisir et la toilette, et qui ne s’embarrassât point du soin de ses enfants. La pauvre amoureuse, confondue, avait peine à ne pas pleurer. Voyant son émoi, il avoua qu’il voulait l’éprouver ; il lui prit la main : « C’est vous, dit-il, c’est vous que je chéris depuis le jour où je vous ai vue à la Convention… Oui, mon Élisabeth, si tu veux, je te demanderai aujourd’hui à