Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/158

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tes parents. » Elle balbutia d’une voix tremblante : « Moi aussi, Philippe, je vous aime depuis ce jour-là… J’ai encore votre lorgnette… – Et moi, j’ai ta bague ; elle ne m’a pas quitté depuis le jour où je suis tombé malade. » Il parla longtemps ; elle l’écoutait, comme en rêve. Madame Duplay survint ; on alla s’asseoir aux Tuileries, sous les arbres, et Le Bas fit sa demande. La maman n’osa se prononcer ; il lui fallait consulter Duplay et, rentrée à la maison, Babet qui, retenant son souffle, guettait à travers la cloison les chuchotements de ses parents, surprit des conciliabules prolongés jusqu’à une heure du matin, et auxquels fut convoqué Robespierre, qu’elle entendit formuler cet oracle : « N’hésitez pas, mon ami, Le Bas est le plus digne des hommes ! Élisabeth sera heureuse. »

Philippe se présenta le lendemain matin, à neuf heures. Babet, le cœur battant, repassait du linge dans la salle à manger : « Courage ! » souffla-t-il, très troublé lui-même. Et il entra dans le salon où Duplay l’attendait. La conversation fut longue ; enfin on invita Élisabeth à comparaître. Le menuisier, qui n’abdiquait jamais son autorité, prit le ton sévère, s’élevant contre l’ingratitude des filles, protestant que, en raison de ses cachotteries et de son manque de confiance envers sa mère, la sournoise Élisabeth n’obtiendrait jamais son consentement paternel. Il s’étendit sur ce thème, tandis qu’elle étouffait de sanglots. Philippe intervint, la suppliant de ne pas se faire de mal, l’assurant que son bon père lui pardonnait et ne s’opposait pas au mariage. « Allons, fit Duplay, je vous la donne ; c’est une bonne petite fille. » Robespierre descendit