Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/227

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commencent à s’attrouper sur la terrasse des Tuileries. Il fallut fermer les fenêtres et baisser le ton.

Dans la masse de documents, de mémoires, de récits, de pamphlets et de justifications que nous ont léguée les survivants de cette époque tragique, pas une page ne renseigne nettement sur la topographie du Comité de salut public ; pas un contemporain ne s’est attardé à décrire cet appartement où, durant près de trois ans, a bouillonné la Révolution. Ceux qui venaient là, en habitués ou en passants, étaient trop absorbés, trop fiévreux, trop émus, pour prêter attention au décor de cet endroit redoutable dont nulle pierre ne subsiste aujourd’hui. Le Comité de salut public s’était installé, dès le printemps de 1793, aux Tuileries, dans les pièces naguère occupées par la reine Marie-Antoinette. On y parvenait par un grand escalier de pierre, prenant naissance sous un large porche accessible aux voitures et qui s’ouvrait, du côté du Carrousel, par deux arcades, à l’angle formé par le corps principal du Château et la galerie du bord de l’eau. Cet escalier, montant jusqu’aux combles[1] desservait les grands appartements du rez-de-chaussée et du premier étage.

Le Comité de salut public s’établit au rez-de-chaussée, jadis habité par Louis XIV, dont la magnificence y avait laissé des traces. Du premier palier de l’escalier, élevé d’une quinzaine de marches au-dessus du sol, on entrait d’abord dans une vaste antichambre à deux fenêtres, dont le plafond, peint

  1. Un croquis de cet escalier est à la page 5 des Vieux souvenirs du prince de Joinville.