Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/230

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du garde-meuble qui, pour satisfaire aux ordres de toute urgence, puisait dans ses magasins, dans les palais de la ci-devant liste civile, dans les maisons des riches émigrés[1]. Une note des objets fournis donnera l’idée de ce qu’était, dès le début, cette formidable usine de révolution : 12 lits de veille garnis, 24 couchettes garnies, 50 paires de draps, 24 douzaines de serviettes communes, 600 paires de flambeaux, 1.000 chaises, tant garnies qu’en paille, 300 tables et bureaux divers, 50 flambeaux à garde-vue, 100 petites tables à écrire, 50 secrétaires en noyer, etc., etc.[2] Et si l’on ne peut imaginer qu’à l’aide d’inventaires l’aspect de cette fournaise jour et nuit attisée, du moins ces froids documents permettent-ils de reconstituer, à peu près, la disposition de ce lieu fameux, et de glaner quelques détails qui ne sont pas sans valeur.

Il est bien gardé : un poste au perron qui donne sur la cour, un autre sous la galerie du côté du jardin, des canonniers dans les antichambres. Très sobrement meublées ces salles où pénètrent les solliciteurs, et où le va-et-vient est incessant : rideaux en toile de coton, banquettes couvertes de moquette gaufrée, jaune ou à rayures safran et cramoisi[3]. L’ancien billard de la Reine est devenu le premier secrétariat, le salon de compagnie est le deuxième secrétariat ; il sert à recevoir les citoyens venus pour parler aux membres du Comité ; ici encore, rideaux

  1. Archives nationales, O2 453.
  2. Archives nationales, O2 453. État des meubles et effets présumés être nécessaires pour les Comités de salut public et de sûreté générale.
  3. Archives nationales, O2 453.