Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/235

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point traiter à la légère l’affaire de la Mère de Dieu. Il lui signale l’hostilité évidente de Vadier et de tout le Comité de sûreté générale, qui, « soit jalousie, soit petitesse des hommes qui le composent, a voulu dévoiler une conspiration, mais n’a fait qu’une comédie ridicule et funeste à la patrie. Quelque jour peut-être, ajoutait-il, découvrirons-nous que ce rapport est le fait d’une intrigue contre-révolutionnaire ». Mais encore « doit-on sonder le précipice qu’il faut combler, et non s’en éloigner avec un respect craintif qui deviendrait fatal à la patrie ». Et il exhorte l’Incorruptible de riposter à la facétie de Vadier par un rapport intéressant, un rapport décisif où tous les conspirateurs seront démasqués et qui apprendra à la France « qu’une mort infâme attend ceux qui ne se rallieront pas au gouvernement révolutionnaire ». Se débarrasser au plus vite de toute opposition avérée ou latente, voilà le remède : « Vous ne pouvez choisir de circonstances plus favorables pour frapper : Travaillez en grand[1] ! »

Le conseil était plus opportun qu’anodin, et Robespierre le jugeait si efficace, qu’il l’avait devancé déjà en demandant au Comité de salut public les têtes d’un certain nombre de conventionnels, celles de Tallien, de Bourdon de l’Oise, de Fouché, de Dubois-Crancé et « quelques autres ». Sa requête fut éludée ; le lendemain il insista ; mais Billaud-Varenne, au nom des autres, refusa net. Ulcéré, Robespierre sort ; il boude. Il boude ses collègues, comme jadis au temps de Louis-le-Grand, il boudait

  1. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, II, 359 et s.