Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/242

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lui des tasses à l’effigie de Necker et du tyran. » – « Ne croit pas aux bienfaits de la Révolution. » – « Ne fréquente que des gens comme il faut[1]. » Et pour avoir voulu la dictature, reniement de tout l’effort accompli depuis trois ans, Robespierre ne serait pas inquiété ! Est-ce vraisemblable ? Il serait donc au-dessus des lois ? Pourtant ces hommes devant lesquels il se démasque imprudemment, ils l’ont toisé, depuis tant de mois qu’ils vivent avec lui ; ils savent ses petitesses, sa jalousie, son insociabilité, son esprit brouillon et soupçonneux ; et ils le déclarent inattaquable ! À force de l’exalter pour s’épauler de sa grandeur factice, ils l’ont juché si haut qu’il leur échappe ; mais, sur le piédestal qu’ils lui ont inconsidérément élevé, il n’est plus, comme disent les dessinateurs, « à l’échelle » ; il y fait figure mesquine et leur réapparaît dans sa gaucherie première. Un penseur a dit : « Il ne faut pas toucher aux idoles ; la dorure en reste aux mains. » Or l’idole de la Révolution, complètement dédorée, maintenant hors d’atteinte, dirige sur ses renégats la foudre dont ils l’ont armée.

Au Club des Jacobins, rempli de ses fidèles, il sonne le tocsin d’alarme. Là, il est chez lui : la famille Duplay y a une tribune réservée, comme jadis la famille royale avait sa loge aux spectacles[2]. Il se pose en victime ; il menace, sûr de vaincre : « Le crime conjure dans l’ombre la ruine de la liberté !… Une multitude de fripons et d’agents de l’étranger ourdit dans le silence une conspiration

  1. Courtois, Rapport sur les papiers trouvés chez Robespierre, 159, 160, 165, 167.
  2. Aulard, La Société des Jacobins, VI, 298 et 469, n.