Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/25

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Bonbon, baby d’un an et demi, et Maximilien qui venait d’avoir six ans. Placide et appliqué, le coussin aux genoux, le fuseau aux doigts, celui-ci faisait déjà très habilement de la dentelle[1].

Dès qu’il sut lire et écrire, il suivit comme externe les classes du collège où, sous la direction de l’évêque, des prêtres séculiers instruisaient gratuitement les enfants de la ville. Ses camarades déclaraient son caractère « détestable » et supportaient mal « son envie démesurée de dominer[2] » ; mais à cette vanité précoce il devait une grande ardeur au travail et une sorte d’opiniâtreté à conquérir la première place. Au vrai, il souffrait de la compassion qu’inspirait son malheur ; peut-être aussi la grand-maman Carrault, bien intentionnée, mais grondeuse, l’exhortait-elle sans détours à reconnaître par son zèle à l’étude les sacrifices qu’elle s’imposait. Si l’enfant, avec sa susceptibilité aux aguets, surprit l’un de ces tiraillements, l’un de ces marchandages fréquents dans les petits ménages dont une dépense supplémentaire grève le modeste budget, voilà expliquées sa morosité précoce et sa farouche tendance à l’isolement. Il n’avait pas de maman pour deviner sa peine et la dissiper d’une câlinerie.

Un inventaire très détaillé permet de connaître le décor des premières années de Robespierre : la maison Carrault, au faubourg Ronville, n’avait rien d’une bonbonnière ; dans la pièce basse où

  1. Lettre de Langlet, agent national de la Commune d’Arras au conventionnel Lequinio. Citée par J.-A. Paris, La Jeunesse de Robespierre, Appendice V.
  2. Lettre de Langlet. Idem.