Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/26

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l’on entrait, une table de marbre, une toile cirée, un lit à rideaux de toile peinte ; la salle voisine contenait deux lits à piliers, avec rideaux de serge verte, un fauteuil et une chaise. Au-dessus, une petite chambre, – celle de Maximilien, peut-être, – avec un lit de sangle et « du grain » ; du grain encore dans l’antichambre ; et, près de la cuisine, deux garde-robes en bois de chêne renfermant la faïence, le linge et les hardes de toute la famille : culottes de nankin ou de drap, chapeaux, perruques ; et, partout, des fourneaux et autres instruments de brasserie[1]. C’est là que, durant cinq ans, chaque soir, au retour du collège, dans le va-et-vient des ouvriers et des clients, l’orphelin faisait ses devoirs et étudiait ses leçons ; ses amusements n’étaient pas bruyants ; sa sœur Charlotte écrit « qu’il partageait rarement les jeux et les plaisirs de ses condisciples » ; il aimait à être seul « pour méditer à son aise » et passait « des heures entières à réfléchir[2] ». Quant à la maison « pleine de volières » dont on a parlé[3], c’est une légende : il n’y avait pas une seule volière chez le père Carrault ; il est vraisemblable que Maximilien, sans jouets, sans camarades, se plaisait simplement à apprivoiser les pigeons et les moineaux qu’attiraient en grand nombre les provisions de grain du brasseur.

Malgré son bon vouloir, celui-ci n’avait ni l’intention ni les moyens de faire de son petit-fils « un

  1. A. Lavoine, Avenir d’Arras et du Pas-de-Calais, 17 février 1914.
  2. Mémoires de Charlotte Robespierre, p. 39.
  3. Ernest Hamel, Histoire de Robespierre, I, p. 13.