Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/260

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sévissent en France : l’un à Paris, l’autre à Arras où Robespierre a des vengeances à exercer. Un troisième, sous le nom de Commission populaire, fut créé à Orange, le 11 floréal ; il eut pour accusateur public Viot, un Ardennais, dont le nom est porté sur la liste des Patriotes ayant des talents ; deux des juges de cette Commission, Roman-Fonrosa et Fernex, y figurent également. L’autre juge est Ragot, menuisier à Lyon, et le greffier sera Benet. Or, Benet est un ami de Payan[1] ; Ragot et Fernex sont recommandés par Gravier à Robespierre[2], avec lequel ils entretiennent une correspondance suivie et qu’ils traitent en camarade[3]. Lui-même écrit à Fernex pour s’informer du bon travail que fournit la Commission, et Fernex répond plaisamment : « Tu me témoignes un vif désir de connaître ceux qui cherchent leur tête… » et il signe : « Très fraternellement, ton ami. » Sa lettre est, du reste, tout à fait rassurante et la Commission d’Orange ne chôme pas : elle égorgea en six semaines, dans cette petite ville, 332 victimes. Si, comme on l’assure, Robespierre, à cette même époque, s’efforçait « d’enrayer la Terreur », il s’y prenait bien maladroitement.

On voit quel genre de talents il recherchait et sur quels hommes s’arrêtait sa prédilection. Tout en dirigeant cet état-major, il ne perdait pas de vue ceux de ses collègues de la Convention dont il voulait la mort : sur un des carnets où il inscrivait la besogne urgente, on trouve : « Poursuivre les députés

  1. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, I, 185.
  2. Archives nationales, F7 4436, plaquette 3, pièces 86 et 87.
  3. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, I, 195.