Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/28

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secondaire, aujourd’hui réservé aux seuls enfants des favorisés de la fortune, était donné gratuitement par l’Université. Ce que l’on payait dans les collèges, c’était « la pension », dont le prix variait suivant le train et les exigences de chacun : certains jeunes seigneurs amenaient au collège plusieurs domestiques et y vivaient quasi somptueusement ; les boursiers étaient défrayés de tout, logés, nourris, instruits sans qu’il leur en coûtât un écu ; seul l’entretien du linge et des vêtements restait à la charge des parents ou protecteurs.

Quoiqu’il soit difficile de lire dans l’histoire d’un écolier représenté par les uns comme un phénomène de douceur et de soumission, par les autres comme un jeune tigre déjà féroce et rêvant de sang, aiguisant ses crocs pour déchirer ses bienfaiteurs, il est incontestable que, au cours des sept années durant lesquelles il suivit les cours du grand collège parisien, la ténacité de Robespierre au travail ne se relâcha pas un seul jour ; ses succès, du reste, témoignaient de son application. Il paraît non moins certain que les aspérités de son caractère ne lui conciliaient pas l’amitié de ses camarades ni la confiance de ses maîtres ; tout n’est pas faux dans les souvenirs de l’un de ceux-ci[1], qui publia, en

  1. Liévin-Bonaventure Proyart, sous-principal du collège Louis-le-Grand, publia en émigration, sous le pseudonyme de Le Blond de Neuvéglise, une Vie de Robespierre, rééditée, en 1850, à Arras, avec des modifications et des additions, par un autre abbé Proyart, mort chanoine de la cathédrale en 1888, et qui était le neveu du précédent. Le chapitre consacré dans ce second ouvrage au séjour de Maximilien à Louis-le-Grand, contient quelques traits trop précis pour n’avoir point été écrit d’après les notes de l’ancien sous-principal du collège.