Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/27

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monsieur » ; d’ailleurs la profession d’avocat, si mal profitable au père et au grand-père de l’enfant[1], lui paraissait peu enviable. Dès que Maximilien serait de force à commencer son apprentissage, Carrault projetait certainement de l’employer à son industrie, soit comme tourailleur, soit comme comptable ; mais les professeurs du collège gémissaient à l’idée qu’un élève si studieux ne poursuivît point ses classes jusqu’aux diplômes ; ses succès répétés excitaient l’intérêt ; des personnes charitables s’entremirent ; ses deux tantes, malgré leur dénuement, tenaient dans la société d’Arras un rang honorable, dû à leurs vertus et à leur piété ; elles intercédèrent pour leur neveu auprès d’un chanoine de la cathédrale, M. Aymé[2], l’évêque lui-même intervint et obtint pour le petit Robespierre l’une des quatre bourses à l’Université de Paris dont, depuis un temps immémorial, disposait l’abbé régulier de Saint-Vaast, l’un des monastères les plus fameux et les plus puissants de l’Artois. À l’automne de 1769, Maximilien quittait Arras et entrait en cinquième au collège Louis-le-Grand.

On ignore généralement que, depuis 1719, l’enseignement

  1. François de Robespierre, père de Maximilien, occupa un certain rang au barreau d’Arras ; il plaida trente-quatre affaires en 1763, et trente-deux en 1764. Cependant M. Devienne, ancien procureur au Conseil d’Artois, dans des notes manuscrites qui ont été conservées, déclare que « c’était un avocat pauvre et un pauvre avocat ». J.-A. Paris, 16, n. Quant à l’aïeul, Maximilien de Robespierre, inscrit au barreau d’Arras en 1720, la moyenne des causes qu’il eut à soutenir ne dépasse pas deux par année. A. Lavoine, Avenir d’Arras et du Pas-de-Calais, 22 et 23 février 1914.
  2. Deramecourt, Histoire du clergé du diocèse d’Arras pendant la Révolution, I, 363. Le chanoine Aymé était l’auteur d’un Résumé des preuves de la religion chrétienne.