Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/283

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Vaugeois, pour ce jour solennel, Robespierre prenait-il un prétexte de se dispenser d’assister à la fête ? Sans doute sa présence n’y était pas indispensable, puisqu’il n’était plus président de l’Assemblée, et, depuis cinq décades, il affectait de se séparer de ses collègues. D’autre part, suivant certains pronostics, assez hasardeux, à la vérité, cette fête n’était organisée que pour offrir à ses partisans l’occasion de grouper la Convention et d’atteindre, au moyen d’un mouvement populaire, ceux de ses membres dont il voulait se débarrasser[1]. L’Assemblée, dissoute par ce coup de force, aurait été remplacée par une nouvelle Constituante composée de la Commune de Paris et de l’élite des Jacobins, l’une et l’autre robespierristes fanatiques.

Si l’on ne peut établir que Maximilien eût concerté ce coup d’État, on ne peut s’empêcher de juger singulière sa préméditation de ne point assister à la cérémonie patriotique du 10 thermidor. Voulait-il, suivant la tactique qui lui avait souvent réussi, disparaître au moment de l’action, afin de se ménager un alibi, en cas d’échec ; car, à coup sûr, il préparait quelque chose, et le Comité de salut public, renseigné ou simplement méfiant, se mettait sur la défensive en expédiant à l’armée des frontières la moitié des 48 compagnies de canonniers formant « l’artillerie de Robespierre », – mesure inopinée qui indignait les Jacobins[2] ; le

  1. « On devait égorger la Convention à jour fixe… et l’on aurait proclamé Robespierre dictateur, ou trionvire[sic], ou législateur, comme ayant été prédit par le prophète Ézéchiel et suivant la Mère de Dieu… » Archives nationales, F7 4583, plaquette 4, p. 28.
  2. Aulard, Société des Jacobins, V.