Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/288

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incessants dont il est menacé, sur l’ingratitude et la mauvaise foi de ses collègues : « C’est nous qu’on assassine et c’est nous que l’on peint redoutable ! » Il a « le cœur flétri par l’expérience de tant de trahisons » ; il n’est « qu’un faible individu en butte aux outrages de toutes les factions » et auquel les méchants, pour le perdre, ont attribué « une importance gigantesque et ridicule ». Il dénonce « les monstres qui ont plongé dans les cachots les patriotes et porté la terreur dans toutes les conditions » ; il parle de la liste, la fameuse liste des têtes qu’on prétend qu’il réclame ; à peine peut-il croire à une si effroyable perfidie : « Est-il vrai qu’on a persuadé à un certain nombre de députés irréprochables que leur perte est résolue ? Est-il vrai que l’imposture a été répandue avec tant d’art et d’audace qu’un grand nombre de nos collègues n’osent plus habiter la nuit leur domicile ? » On l’a donc calomnié ? On respire ; mais voilà que, dans cette macédoine de haute éloquence et de ragots, reviennent des allusions inquiétantes à « quelques scélérats, auteurs de tous nos maux », aux « députés perfides », à « la ligue des fripons qui a des complices dans le Comité de sûreté générale » et à laquelle sont affiliés « des membres du Comité de salut public ». Il ne renonce donc pas à frapper ses ennemis ? Que croire ? Il passe, sans préciser, et s’attaque maintenant à « l’affreux système de la Terreur », à la perversité des agents subalternes qui recrutent pour l’échafaud et rançonnent les citoyens : « Épurons la surveillance nationale, au lieu d’employer les vices ; les armes de la liberté ne doivent être touchées que par des mains pures. »