Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/289

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Ça, c’est pour les Héron, les Sénar et leur bande, pour Vadier qui les emploie ; et les honnêtes gens de l’Assemblée sont près d’applaudir, ce dont ils s’abstiennent, car déjà l’orateur entame l’éloge du système qu’il vient de flétrir : « Sans le gouvernement révolutionnaire, la République ne peut s’affermir… Qu’il soit détruit aujourd’hui, demain la liberté n’est plus… Dans la carrière où nous sommes, s’arrêter avant le terme, c’est périr… » Eh ! quoi, il ne réprouve donc plus les excès commis ? Au contraire : « Non, nous n’avons pas été trop sévères… On parle de notre rigueur et la Patrie nous reproche notre faiblesse ! »

À lire cette étonnante harangue, on comprend qu’elle produisit, sur ceux qui l’entendirent, un effet de « stupeur ». Cet extravagant procédé de « bascule », destiné à rassurer les uns en menaçant les autres, sans désigner personne, amène une sorte d’ahurissement. Il y a de tout dans ce discours, sauf un point où s’accrocher : Robespierre y déverse sa bile contre les hommes qui, le jour de l’Être suprême, « au sein de l’allégresse publique » ont insulté le président de la Convention nationale parlant au peuple assemblé. « Ah ! je n’ose les nommer dans ce moment, ni dans ce lieu ! » Il ne nomme pas davantage celui qui, « pour multiplier les mécontents », offrit à la malveillance le récit d’une soi-disant conspiration de « quelques dévotes imbéciles », et y trouva « un sujet inépuisable de sarcasmes indécents et puérils ». Après Vadier visé, il met en joue Carnot et Prieur, sans toutefois prononcer leurs noms : « l’Administration militaire s’enveloppe d’une autorité suspecte » ; il insinue