Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

affectant la quiétude. Jusqu’à l’aube il ne quittera pas la place, écrivant toujours, guettant ce qui se dit, tâchant de surprendre ce que l’on prépare.

Toute la nuit, dans les antichambres, les députés viennent aux nouvelles ; la porte est bien gardée ; personne n’entre[1]. Aucun des membres du Comité ne quitte la salle à colonnes. Ils surveillent Saint-Just qui ne cesse d’écrire : on attend la communication qu’il a promise. Au petit jour, on s’aperçoit qu’il a disparu. Vite, on profite de son absence pour rédiger une proclamation au peuple, pour discuter l’arrestation du général Hanriot. Couthon paraît sur le dos de son gendarme. Il s’informe. Que fait-on ? Nouvelles querelles : « Arrêter Hanriot ! le plus pur des patriotes ! A-t-on juré de déchaîner la contre-révolution ? » Le temps passe en disputes oiseuses. Saint-Just ne reparaît pas et l’heure de se rendre à l’Assemblée est proche ; la séance va bientôt commencer. La porte s’ouvre. Saint-Just, enfin ? – Non. Un huissier ; il présente un papier : c’est de Saint-Just : « L’injustice a fermé mon cœur, je vais l’ouvrir tout entier à la Convention[2]. »

À l’heure où on l’attendait au Comité, Saint-Just, en homme qui a pleine confiance en l’issue de la journée, se promenait, à son habitude, dans les allées du Bois de Boulogne, sur l’un des beaux chevaux qu’il avait en réquisition[3]. Même sécurité chez Robespierre. Il sortit de sa maison après

  1. Lecointre, Conspiration formée…, 5. Archives nationales, ADi 108.
  2. Pour la nuit au Comité, on suit ici le récit de Prieur, témoin oculaire, reproduit dans les Mémoires sur Carnot, I, 545 et s.
  3. Journal de Perlet, 20 thermidor.