Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/30

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toujours par l’entremise du clergé, – des bourses dans une maison religieuse de Tournay, où les filles pauvres étaient « instruites à lire et à écrire, à lacer et à coudre jusqu’à ce qu’elles fussent en mesure de gagner de quoi vivre[1] ». De son côté, malgré les charités de l’évêque, de l’abbé Aymé, ses protecteurs d’Arras, et celles d’un chanoine du chapitre de Notre-Dame de Paris, M. Delaroche, qui, dans les premiers temps du séjour de Robespierre à Louis-le-Grand, lui servait de correspondant, l’écolier était presque réduit à l’indigence. Soucieux de ne point faire tache parmi ses condisciples plus aisés, « il s’offrait la dépense d’un perruquier » et il n’était pas rare « de lui voir, avec une frisure élégante, des chaussures ou des vêtements percés[2] ». On cite une lettre de lui au sous-principal du collège par laquelle il confesse, en termes rogues, son dénuement : « il n’a point d’habit et manque de plusieurs choses sans lesquelles il ne peut se présenter chez l’évêque d’Arras, de séjour à Paris[3]. »

Est-ce parce qu’il était le plus pauvre, est-ce en récompense de ses succès qu’il fut choisi par ses supérieurs pour complimenter Louis XVI, quand celui-ci vint un jour visiter Louis-le-Grand ? On profita de cette circonstance pour payer au jeune étudiant un habit « afin qu’il pût se présenter décemment » ; et il débita sa harangue, que le Roi, dit-on,

  1. J.-A. Paris, p. 18. Ernest Hamel, apologiste de Robespierre, soucieux de ne rien écrire qui pût rabaisser son héros, écrit : – « elles entrèrent au couvent des Manarres, à Tournay, et y reçurent l’instruction fort soignée des jeunes demoiselles nobles de la province. » Histoire de Robespierre, I, p. 13.
  2. La Vie de Maximilien Robespierre. Arras, 1850, p. 19 et 20.
  3. La lettre est datée du 11 avril 1778, alors que Robespierre, ayant terminé ses études classiques, étudiait le droit.