Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/300

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au tyran qui a usurpé les attributions du Comité de sûreté générale ». « Si ce tyran s’adresse particulièrement à moi, c’est que j’ai fait sur le fanatisme un rapport qui ne lui a pas plu ; en voici la raison : il y avait, sous le matelas de la Mère de Dieu, une lettre adressée à Robespierre. Cette lettre lui annonçait que sa mission était prédite dans Ézéchiel… Parmi les documents que j’ai reçus depuis, se trouve une autre lettre d’un nommé Chénon, notaire à Genève, qui est à la tête des illuminés ; il propose à Robespierre une Constitution surnaturelle !… » De tous les points de la salle, des tribunes en joie, les rires sarcastiques flagellent Robespierre qui trépigne, impuissant. Vadier ne s’arrête plus : il raille « la modestie de Maximilien », ce qui provoque une gaîté bruyante ; il dévoile l’espionnage exercé par l’Incorruptible sur ceux qu’il jalousait : « Pour ma part, il m’avait attaché un nommé Taschereau qui me suivait partout, jusqu’aux tables où j’étais invité… » L’hilarité redouble et le vieux pantin, ébaudi de son succès, irait ainsi indéfiniment si Tallien, sentant que les colères s’amollissent, n’interrompait ces gasconnades « pour ramener la discussion à son vrai point ».

Déjà Robespierre se rue sur la tribune : « Je saurai l’y ramener… », crie-t-il. La sonnette acharnée, les vociférations l’arrêtent ; il recule. Il ne parlera pas ; il ne faut pas qu’il parle. Tallien l’accable, le lancine, le harcèle, le soufflette d’apostrophes mortifiantes : « Cet homme dont la vertu et le patriotisme étaient tant vantés, cet homme s’est caché au 10 août et n’a paru que trois jours après