Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/308

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parisienne reprit, s’adressant à ses gendarmes d’ordonnance : « Gardez-moi ce drôle-là ! Vous m’en répondez sur votre tête. » Hanriot aimait à boire ; mais il n’avait pas « le vin mauvais » ; vers trois heures de l’après-midi, il s’attendrit, libéra son prisonnier et lui adressa ces recommandations : « N’oublie pas de dire à Robespierre qu’il soit ferme, et à tous les bons députés qu’ils n’aient pas peur ; nous allons les délivrer de tous les foutus traîtres qui siègent parmi eux. » Courvol reprit donc le chemin des Tuileries : en arrivant à la Convention, au plus fort de la bataille, il crut devoir aviser de l’insuccès de sa mission le président, – c’était Thuriot, – qui, aux premiers mots de l’huissier, et tout en secouant sa sonnette, éclata en fureur : « Allez vous faire f… ! Laissez-moi tranquille ! Tant pis pour vous[1] ! » L’huissier dut regretter les jours lointains des États généraux et les façons mignardes du marquis de Dreux-Brézé.

À l’heure même où Courvol recevait ce deuxième camouflet, Héron partait du Comité de sûreté générale pour s’assurer de la personne d’Hanriot dont l’arrestation venait d’être décrétée[2]. Héron était accompagné de deux agents sûrs, Rigogne et Pillé, celui-là même que son diable-gardien protégeait contre tous les risques. Sur la place de Grève, un piquet de cavalerie et une batterie de canons ; dans les escaliers et les couloirs de l’état-major, une

  1. Déclaration de Courvol, huissier de la Convention nationale, 2e rapport de Courtois, p. 199. Pièce justificative XXXV2.
  2. « Vers les trois heures et demie de l’après-midi, je me suis présenté au secrétariat de l’état-major de la Commune… » Rapport au Comité de sûreté générale par le citoyen Héron, chargé de l’arrestation d’Hanriot. B. N. LB41 1182.