Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/325

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semble hésiter, va et vient d’un bout à l’autre de la périlleuse tablette ; il s’arrête : la voix d’un crieur proclame la mise hors la loi des rebelles. Alors l’homme prend son élan, et se jette… Il tombe sur les gens massés au perron, en renverse deux[1] et reste, brisé, sur les marches. C’est Robespierre jeune, – Bonbon[2]. L’un des agents du Comité de salut public, Dulac, qui fait partie de l’escorte des conventionnels, l’a vu tomber ; comprenant à ce tragique suicide que l’insurrection est en détresse, il joue des coudes, fonce dans la foule, se glisse, gagne le grand escalier ; quelques hommes déterminés le suivent, bousculant les gens empilés sur les marches et dans les vestibules du premier étage. Une cohue infranchissable bouche la porte de la salle où siège la Commune. Le concierge Bochard, qui, sur l’appel d’un gendarme, est monté en hâte, entre à ce moment dans le salon du Secrétariat par une porte de derrière moins encombrée : il aperçoit Le Bas étendu mort sur le parquet et, tout aussitôt Robespierre se tire un coup de pistolet dont la charge lui perce la joue et passe à trois lignes de Bochard, sur lequel le blessé tombe, éclaboussé de sang, « dans l’embrasure même de la porte ». Au bruit de ce coup de feu, Lescot-Fleuriot, qui préside la Commune, a sauté de son fauteuil, couru jusqu’à la porte du Secrétariat et il reparaît pâle et tremblant ; aussitôt « on entend crier de toutes parts : “Robespierre s’est brûlé la

  1. Dont un citoyen Chabru qui restera estropié pour la vie. Archives nationales, D XXXVc2.
  2. Commune de Paris. 2e rapport de Courtois. Pièce justificative XXXVIII, 203.