Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/331

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ce qui se passe dans la salle de la Commune ; à une grande clameur de Vive la Convention ! il frissonne : « Je suis perdu ! » Comme on emmène des municipaux arrêtés, il répète : « Je suis perdu ! Donne-moi ton couteau… » Alors Laroche, certain que la victoire n’est plus indécise, appelle : « À moi, camarades ! Je tiens Couthon !… – Malheureux, tu me livres ?… » Mais Laroche est impitoyable : « Il n’y a pas de bon Dieu, il faut que tu y passes !… » Des hommes accourent, apportant des lumières ; l’un d’eux décharge son pistolet sur le paralytique accroupi ; la balle l’atteint au front ; son sang jaillit sur la culotte de Laroche, qui s’esquive[1].


L’HOTEL DE VILLE NUIT DU 9 AU 10 THERMIDOR[2].

Au tout petit jour, on fit « le tableau » : – le cadavre de Le Bas, transféré au cimetière Saint-Paul où on l’inhuma dès sept heures du matin ; les deux fossoyeurs Quatremain père et fils signèrent seuls l’acte de décès[3] ; – Robespierre jeune, relevé « presque sans vie » après sa chute sur le perron de l’Hôtel de ville, et porté sur une chaise par plusieurs citoyens jusqu’au Comité de la section de la Commune, rue des Barres ; quatre chirurgiens constatèrent, outre une fracture du bassin et plusieurs contusions graves à la tête, un inquiétant état « de faiblesse et d’anxiété ». Pourtant on l’interrogea : il protesta « qu’il n’avait cessé de bien faire son devoir à la Convention », qu’il était « pur comme la nature, ainsi que son frère » ; il dénonça comme ennemis du peuple et conspirateurs Collot d’Herbois et Carnot. On trouva dans ses poches sa carte

  1. Archives nationales, F7 4766. Déclaration du citoyen Laroche, compagnon peintre.
    • A. Grand escalier.
    • B. Vestibule.
    • C. Grande salle où siégeait la Commune.
    • D. E. Couloir sombre communiquant avec l’ancienne salle de la Reine (F.).
    • G. Grand salon de l’Égalité ou du Secrétariat, dit aussi salle du Zodiaque en raison de sa décoration comportant les douze mois de l’année, sculptés par Jean Goujon.
    • H. Couloir anfractueux.
    • K. Emplacement probable de la table et des sièges.
    • L. Porte donnant accès à la petite salle du Secrétariat.
    • N. Petite salle du Secrétariat.
    • M. Porte communiquant de la petite salle du Secrétariat au « Passage ».
    • O. Petit escalier. Celui qu’aurait monté Bochard, Concierge de l’Hôtel de Ville. C’est à la porte M. (ou peut-être à la porte L.) que Robespierre serait tombé sur lui, après s’être
    tiré un coup de pistolet dans la bouche : — « En quittant la salle de l’Égalité, au passage », dit Bochard.
    • S. Est un cabinet d’aisance. Serait-ce là que, d’après Barras, se réfugia d’abord Hanriot,
    avant de se jeter dans la petite cour R. où on le retrouva blessé ? Le trajet de Dulac serait donc jalonné sur ce plan par les lettres A. X. C. V. H. J. G. Celui de Bochard par O. M. L. K. Le plan qui a servi de base à cet essai de reconstitution a été dressé antérieurement à la Révolution à l’occasion d’une fête offerte par la Ville au Roi et à sa famille (Archives Nationales N Seine). On n’en a pas rencontré se rapprochant davantage de l’époque révolutionnaire.
  2. Stéphane Pol, Autour de Robespierre, 317.